Economie sociale et solidaire : Le beurre de karité bio de l’Association SongtaabYalgré (ASY)

A Ouagadougou, dans le quartier Rimkièta, une association fait bouger les lignes en permettant au consommateur de disposer de beurre de karité bio. Le présent article, rédigé à la suite de la visite au site de production le 22 avril 2017, fait la substance du travail des femmes de cette association dénommée SongtaabYalgré.

L’Association SongtaabYalgrè (ASY) qui veut dire « s’entraider largement  » en langue nationale moore est une entreprise d’économie sociale et solidaire créée en 1990. Elle a été reconnue par les autorités administratives en 1998. Cette entreprise vise l’amélioration des conditions de vie des femmes membres de l’association par la valorisation des produits locaux (notamment le karité). Elle est une organisation d’appui aux femmes à travers les activités économiques qu’elle développe.

Des missions et des objectifs nobles

L’ASY, engagée au service du développement des femmes, poursuit les missions suivantes :

  • élaborer et exécuter des programmes d’activités de formation, de perfectionnement et de recyclage sur des thèmes tels que la santé de la production, la gestion des micros entreprise, l’alphabétisation fonctionnelle, la transformation des produits locaux, etc. ;
  • consolider les activités des groupements membres ;
  • valoriser et de faire la promotion des produits locaux ;
  • établir une mise en contact avec des ressources spécialisées pour des questions légales, financières, techniques et des conquêtes de marchés.

L’ASY vise, par le biais de l’encadrement, la formation, les conseils et l’assistance, à renforcer les capacités de gestion des groupements féminins engagés dans la micro entreprise et les petites entreprises. À cet effet, l’association s’est fixée les objectifs suivants :

  • réfléchir sur les voies et moyens susceptibles de libérer l’énergie créatrice des femmes en les aidant à s’orienter vers des secteurs d’activités plus rentables en vue de faciliter leur véritable insertion dans les circuits modernes de l’économie ;
  • acquérir de nouveaux comportements et de nouvelles attitudes en tant que gestionnaires ;
  • créer, développer et organiser des mécanismes de financement accessibles et adaptés aux besoins des femmes ;
  • mettre à la disposition des femmes un cadre d’échange d’expérience, de concertation et d’idées porteuses de perspectives pour leur promotion socio économique ;
  • encourager et développer l’esprit d’entreprise des femmes ;
  • contribuer à élever le niveau d’instruction et de connaissance en techniques modernes de production, de commercialisation et de gestion ;
  • améliorer les conditions de vie des femmes dans la société, leur santé, leur éducation, leurs revenus et leur capacité à accéder à l’information et à la formation.

Un fonctionnement qui donne des résultats

Pour un meilleur fonctionnement, l’ASY s’organise sur plusieurs plans : organisationnel et institutionnel.

Sur le plan organisationnel, les productrices membres de l’ASY sont organisées autour de douze centres de production/commercialisation que sont :

  • centre de production de Gounghin basé à Ouagadougou,
  • centre de production de Sonpélcé situé à 12 km de Ouagadougou,
  • centre de production du village de Boulsin à 45 km de Ouagadougou,
  • centre de production du village de Siglé situé à 63 km de Ouagadougou,
  • centre de production du village de Saponé situé à 40 km de Ouagadougou.
  • centre de production du village de Gampéla situé à 17 km de Ouagadougou,
  • centre de production du village de Kombissiri situé à 35 km de Ouagadougou.
  • centre de production du village de Boussé situé à 55 km de Ouagadougou ;
  • groupement de femmes Namagb-sanga de Ziga à 35 km de Ouagadougou,
  • groupement de femmes de Koudougou à 100 km de Ouagadougou,
  • groupement de femmes de Fada (Zanthiabougou et Mathiakoily) 215 km de Ouagadougou,

L’exploitation de la filière karité faite par les membres de l’association commence par l’entretien des arbres à karité, la collecte des amandes, le traitement et les différentes étapes de transformation, et se termine par la commercialisation. Les produits dérivés du karité sont principalement le beurre de karité biologique, le beurre conventionnel et la pulpe de karité biologique.

Le beurre obtenu est aussi transformé en produits cosmétiques que sont : la pommade et le lait corporel, les savons de lessives et de toilette.

 

La collecte des amandes

Dans le souci d’obtenir une bonne qualité du beurre de karité et de même assurer une protection de l’environnement, l’ASY est l’initiatrice du karité biologique au Burkina Faso à travers le projet KARIBIO. Ce projet permet aux collectrices et aux productrices de karité d’obtenir une meilleure rémunération de leur travail par la valeur ajoutée engendrée par le processus biologique.

Pour ce faire, l’ASY a identifié les territoires biologiques par un système de codification de l’arbre au client pour garantir la traçabilité tout au long de la chaîne de production.

La transformation des noix de karité

Une fois les noix de karité ramassées, elles sont écrasées et traitées pour obtention d’une graisse ou huile végétale après cuisson. Le beurre de karité est obtenu selon le savoir-faire traditionnels des femmes. Le travail est long et difficile, et se fait en communauté. En moyenne, 5 femmes travaillent chacune 4 à 5 heures par jour pour produire 1kg de beurre de karité (en tout 20 à 25 heures de travail pour 1kg du beurre de karité).

La production comprend plusieurs étapes :

  • la collecte : c’est le ramassage des noix et amandes dans les champs et dans la brousse ;
  • le triage et le lavage manuel des noix : seules les amandes saines et issues de fruits murs sont sélectionnées et lavées ;
  • le séchage au soleil : cette étape a pour but de diminuer leur teneur en eau ;
  • le concassage : il consiste à fragmenter l ‘amande ;
  • la torréfaction : les fragments d’amandes obtenus sont chauffés dans une marmite ou un torréfacteur. Cette étape permet de casser les cellules oléifères.
  • le pilage ou le concassage : les amandes grillées sont écrasées au pilon ou par le concasseur ;
  • la mouture au moulin ou à la main : les amandes sont moulues en pâte épaisse de couleur brune.
  • le barattage : la pâte moulue est placée dans un récipient, puis malaxée et battue à la main ;
  • le lavage : en ajoutant de l’eau, une émulsion se crée ; la matière grasse qui flotte en surface est manuellement …. Cette étape est répétée plusieurs fois
  • la cuisson : la matière grasse lavée est mise à cuire. Une mousse apparaît en surface ;
  • la décantation : la matière est laissée au repos, refroidit, les impuretés qui surnagent sont alors enlevées ;
  • le filtrage : le reste des impuretés sont retenus par le morceau de bois et : ou un tamis à maille lors du transvasement du beurre fondu.

Le beurre fondu se solidifie en beurre de karité et conditionné en sachets, dans des pots de 100 g ou des sceaux de 200 litres pour les commandes importantes.

La commercialisation, un défi à relever

L’entreprise Koostaama dont l’objectif est de rechercher la clientèle pour les produits de l’ASY., a une boutique au siège de l’ASY et une autre au centre de la ville de Ouagadougou. Cela lui permet de vendre les produits. De plus, elle procède par dépôt-vente dans certaines boutiques d’alimentation de la ville.

Les femmes productrices de l’association sont très heureuses de pouvoir s’occuper avec les activités de production de l’association et surtout de bénéficier des revenus qui leur permettent de survenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Néanmoins, elles souhaiteraient avoir plus de commandes afin d’accroitre considérablement leurs revenus.

L’ASY connait un certain nombre de difficultés pour écouler ses produits sur le marché. Le problème qui ressort est tant qu’il n’ya pas assez de commandes, les femmes ne peuvent pas produire le beurre de karité en quantité importante.

 

Mme Sylvie Emmenegger

Projet PA/EESSA

Responsable du Pôle Ouagadougou


 

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